Essais

ÉGALITARISME POLITIQUE ET CITOYEN

Pour avancer vers ceci, il va falloir y aller progressivement, non ? :
Soins de santé gratuits, droit de vivre inconditionnel, citoyenneté inclusive et égalité des revenus.

Si tu soutiens le mérite des plus forts, c’est-à-dire des plus productivistes et polluants au détriment du mérite des plus faibles, c’est-à-dire de ceux qui veulent juste de l’écologie et des choix dans leur vie, tu es inégalitariste, méritocrate, tu ne respectes pas la différence et le choix. Je rappelle que Hamon d’ailleurs a dit pendant la campagne présidentielle que Macron serait un marche-pied pour l’extrême-droite. Quant à douter du fascisme de l’extrême-droite hahaha laisse-moi rire.
Une société seulement méritocrate est génocidaire. Il faut toujours de l’égalitarisme, et suffisamment, pour construire une société civilisée, intelligente, complémentaire, écologique.

Si le luxe c’est la qualité alors je veux le luxe pour tous et pour toutes les bourses.
Si le luxe c’est des produits durables réparables recyclables alors je veux le luxe pour tous.
Et si le luxe c’est de la technologie qui pollue peu alors je veux le luxe pour tous.
C’est vraiment trop dur à imaginer ça ? et à mettre en place progressivement ? pour peu que tout le peuple en aie conscience ! Et tous les peuples. Au lieu de dire ha oui mais il a le capital alors je travaille pour lui et je suis content même si je fabrique des objets inutiles ou de la merde obsolescente ? Le luxe c’est quoi ? des avions des kalachs ? des perles des bijoux ? des voitures qui vont à 300 kms/h ? qu’est-ce qu’on en a à foutre de ce luxe-là ? Je ne vois qu’un luxe : ce qui dure et ne donne pas de soucis.

Le revenu d’existence à cumul plafonné, moyen de passer de la méritocratie à l’égalitarisme. Le principe est simple : le revenu d’existence est donné à tous et remboursé au-dessus d’un certain plafond de cumul de revenus. Par exemple on peut imaginer un revenu d’existence de 2000 euros qui remplacerait plein d’aides conditionnelles existantes (sauf la sécurité santé), avec un plafond de cumul de 4000 euros. Ce qui veut dire que celui qui perçoit 4500 euros rembourse 500 euros de son revenu d’existence. On fait la somme revenu d’existence + autres revenus et on applique le plafond de cumul.

Je suis contre le sacrifice et la souffrance, je veux qu’on construise une société du plaisir. Et on peut le faire. Si étudier est une souffrance alors n’étudions pas ou étudions moins. L’écologie y gagnera sans doute. Et puis tous ces brevets, copyrights nous empêchent de partager le savoir et la productivité. L’humanité court à sa perte dans cette direction-là.
Des personnes qui n’ont rien fait et ne font rien ça n’existe pas, et si on se permet de penser que ça existe, on ne peut en attribuer la faute qu’aux inégalités, aux irrespects de l’enfant, des adultes, des humains en général. Les gens ont des dons naturels, et c’est la société qui leur permet de les développer ou qui exige le refoulement de ces dons.
La psychologie et la psychanalyse sont encore au fond des abysses capitalistes. Pas grand-monde ne s’y intéresse. Les présidents, le système pyramidal est complètement ignorant de la psyché. Ou bien elle est récupérée non au service du bien-être mais au service du sacrifice inutile, de la souffrance improductive et polluante. Il ne suffit pas de produire, la vie ne se résume pas qu’à produire. Il faut aussi bien manger bien dormir et le reste.
Et puis produire quoi ? Si produire se résume à produire des souffrances et des contraintes, ça devient un cercle vicieux puisque ces souffrances vont créer des besoins et désirs inutiles.
Je ne crois pas que le sadisme et le masochisme soient nécessaires à la distraction de l’être humain.
Quand je dis progressivement, oui je parle de progrès. Mais j’ai une utopie pour orienter le progrès. Mon progrès n’est pas anarchique. Il n’est pas destructeur pour l’humain et sa planète. Il a un objectif. L’objectif c’est l’égalité. Car l’équité est subjective. Elle est relative à la loi du plus « fort » ou plutôt du plus riche, du capital, la loi du passé quoi.
Les méritocrates, à la poubelle ! vive l’égalitarisme ! Égalité, fraternité, liberté ! L’égalité crée la fraternité qui engendre la liberté. Ou bien ça se fera ou bien cette planète mourra prématurément.
(mai 2019)

DAM(E)NATION
(écrit environ 1990)

Au fond, tout le peuple français est victime d’une vaste imposture : En effet, la nation distribue le pouvoir et l’argent selon ses propres critères. Vous me direz : c’est le peuple qui décide des critères. Je vous répondrai non ; c’est le pouvoir qui décide des critères. Et le pouvoir, évidemment, ne cherche qu’à garder le pouvoir, il met donc en place des critères de sélection par l’argent, la situation, le sexe. À votre avis, pourquoi y-a-t-il si peu de femmes dans les gouvernements ? Parce que le pouvoir a conservé ses bonnes habitudes. Du temps de la monarchie, les femmes ne gouvernaient pas. Le pouvoir s’auto-entretenant, elles n’ont eu que très peu accès au pouvoir. Pendant longtemps, elles ont été les premières chargées de l’éducation des enfants et rien n’a été fait pour leur permettre de partager cette charge afin que les hommes restassent au pouvoir, et les femmes, à la maison. Ce n’est qu’un exemple.
Aujourd’hui, nous n’existons que par l’argent. Une personne sans argent est une personne foutue, vous le voyez bien : les SDF, RMistes, Chômeurs, Enfants n’ont aucun pouvoir, aucune maîtrise sur leur destinée. Nos idées sont façonnées par les modèles de réussite que l’on nous impose depuis notre naissance. Le temps lui-même ne nous appartient pas parce que l’on nous le vole : école, travail, loisirs, tout cela est imposé sans aucune possibilité de choix : lieu, horaires, durée, contexte, matériel, personnes, camarades, tout cela est imposé. Une personne sans argent est condamnée à l’exclusion, à la misère. Elle en est réduite à demander l’aumône, le droit de vivre, droit qui devrait lui être acquis dès sa naissance. Sans argent vous n’avez aucune situation puisque pas de domicile personnel, donc aucun droit, aucun pouvoir. Bref, sans argent, vous voilà enfin libre… de mourir librement. En temps de guerre, la nation vous donne de quoi vivre pour mourir sous le joug de l’armée. Décidément, la nation coûte cher !
Mais, levant le doigt timidement, le cancre prend la parole et dit : et si on donnait de quoi vivre librement ? Et si on disait que j’avais à manger et à dormir ? Et si on se donnait la main pour chanter ? Et si on mangeait tous ensemble ? Et si on s’aimait tous ensemble ? Et si on baisait en public ? Et si les riches hébergeaient les pauvres ? Et si l’argent circulait, et si les gens bougeaient ? Cet homme a une piscine à sa maison de campagne. Un autre a un terrain de tennis. Un autre habite à coté de la mer, un autre, à la montagne, un autre aux sports d’hiver. On pourrait peut-être changer de vie, changer la vie en changeant de propriété. Tiens, ce qui est à toi est à moi et ce qui est à moi est à toi. Tiens, j’échange ma solitude contre ton couvert et ton lit. Tiens, au lieu de maigrir, grossir, pleurer, tu vas venir chez moi dormir, rire, écrire, parler…
Le cancre devient selon les cas le génie, le révolutionnaire, le cas, le coupable, le gaffeur, le honteux aux yeux de la nation. Qu’est-ce qui nous abuse encore ? Ah ! les media. Oui, je vous le dis, le problème est là, là, suivez mon doigt, regardez-le bien parce qu’il dit la vérité, c’est moi, moi qui sait, toi qui sait pas. Moi j’ai raison, la droite, la gauche, le front, l’oreille, le nez, les seins, les stars. Voyez, c’est ça, et ça, et ça. C’est lui. —Et moi ? —Non, c’est pas toi, y a pas la place, fais la queue, attends là, on reviendra, regarde la terre qui poudroie et l’herbe qui verdoie, on reviendra pour toi… dans un an, deux ans, dix ans, peut-être pas. Regarde, regarde tout ce qui se passe, pauvre malheureux, regarde, parce que si tu ne regardes pas, tu vas voir tout ce que tu n’as pas et tu vas être très malheureux et tu vas te suicider, alors regarde le petit cheval blanc qu’il avait donc du courage sur l’écran, et surtout ne te regarde pas, parce que toi, oh toi, mon pauvre ! c’est désolant. Reste sur le nuage, sur ton mirage 2000, on reviendra te chercher pour ton enterrement, ne t’en fais pas, on pense à toi, choisis bien tes funérailles parce que nous on n’a pas le temps, nous on n’a que l’argent, que l’argent, que l’agent de police pour arrêter les malfrats, les désobéissants, les contrevenants à la loi.
Il ne nous reste plus à présent qu’à reconstruire le droit à la vie, le droit au plaisir, le droit de cité que la nation nous a volé. Le gouvernement est à regarder de près, à scruter avec attention. Peut-être qu’on va y arriver malgré toute l’opacité mise en place par le pouvoir. Saisir la cohérence, la globalité, tirer des causes les conséquences et les causes des conséquences. Se connaître, se rencontrer, ne voyez-vous pas que tout le problème est là ?

ADIEU LES AUTRES

J’ai la nette impression de me rappeler qu’un jour, en école primaire, en CE2 ou au CM1, je me suis dit que j’en savais assez, que je n’avais pas besoin d’en savoir plus pour commencer à vivre dans le monde qui m’entourait.
Est-ce que vous arrivez à comprendre ce que cela signifie ? Cela signifie que les 12 années qui ont suivies ont été des années de prison, d’enfermement hors du monde réel. Cela signifie qu’à 7 ou 8 ans, les enfants ne demandent qu’à s’instruire du monde réel et non de ses représentations scolaires. Un professeur de Français de seconde disait que l’école, le lycée étaient un microcosme de la société et qu’elle en reproduisait les mécanismes. C’est faux ! C’est un mensonge ignoble qui a le seul avantage de le mettre au sommet de cette micro-société.
Ce que les enfants veulent voir, ce qu’ils ont absolument besoin de comprendre, c’est toute l’aliénation, toute la dépersonnalisation qu’engendre le capitalisme, l’arrivisme, bref, l’aliénation des sentiments au profit du profit, du pouvoir. Voilà ce que les enfants veulent voir. En d’autres termes, ils veulent voir pourquoi leur père arrive le soir à la maison si énervé, fatigué, l’esprit si vide, lessivé, pourquoi leur mère n’a pas le temps de s’occuper d’eux après une journée de travail. Ils veulent voir ce qu’on fait à leurs parents pour y remédier, pour les aider, parce que tous les enfants ont un cœur gros comme une maison et cela, l’éducation s’en fout complètement. Les enfants veulent savoir pourquoi. Ils veulent voir
et on leur bande les yeux
et on leur met les menottes
et on ferme le placard
et adieu les autres.

FIN DE SIÈCLE

Nous voici à la fin du XXème siècle et je crois qu’il est temps, aujourd’hui, de jeter un regard profond et lucide sur le siècle qui vient de passer et sur les problèmes présents.
Il est extrêmement facile de constater qu’actuellement nous vivons tous dans la contrainte de gagner notre subsistance, notre toit, nos droits. Il n’est rien qu’il ne nous faille gagner. Il est extrêmement facile de constater également que nous courrons tous vers un mieux-être qui nous échappe sans cesse, et cela pourquoi ? Parce que nous voulons tous un peu de ce qu’à l’autre, que ce soit son mari, sa femme, son fric, sa voiture, son intelligence, son charisme, son habileté, son temps libre, ses pouvoirs, sa célébrité etc. Et pourquoi ?
Le communisme a tenté de répondre à cela durant ce siècle. La révolution prolétarienne a voulu donner le pouvoir au peuple et c’était au fond la solution. Ça n’a pas marché parce que le pouvoir n’a jamais pu être au peuple, parce qu’il a toujours été concentré dans la main de quelques uns. Comment voulez-vous donner le pouvoir à soixante millions d’individus par exemple ?
Il est très facile de constater également que les problèmes se concentrent de façon visible en certains endroits où, tel le magma en fusion poussant l’écorce terrestre, jaillissent des volcans. Généralement, on envoie des vulcanologues afin de comprendre les réactions de notre terre à tous. Il est évident que c’est en ces lieux d’apparente anarchie que se réfugient des sources de renseignements précieux pour l’évolution de nos sociétés. Il est évident que ce sont des lieux qui méritent les plus grandes précautions et attentions de la part des volcanologues.
Si l’on veut résoudre les problèmes d’une nation, il faut en priorité consulter ses “basses” couches. À ceux qui n’ont plus rien à perdre que leur vie il faut donner le moyen de s’exprimer. Mieux vaut en effet beaucoup de petits volcans connus et contrôlés qu’un gros menaçant sans cesse d’exploser. Ce sont les “voyous” qu’il faut étudier tel un magma en fusion fraîchement sorti de terre. Ce sont en eux que les contradictions de nos sociétés sont venues émerger. Ce sont eux, les savants, eux qui ont le plus de choses à nous apprendre, pour peu que l’on leur donne envie de les donner. Car on leur a appris à prendre avant d’apprendre, à voler avant de gagner, à casser au lieu de comprendre, à attendre au lieu d’aimer. Qui leur a appris cela ? Comment le leur a-t-on appris ?
Voilà tout leur savoir, et il est énorme si l’on arrive à le reconstituer, à recoller les morceaux du puzzle. Ce sont les problèmes qu’il faut mettre en commun avant de songer à s’étendre. Ce sont les interdits, les inédits, le refoulé qu’il faut dégager par de minutieuses fouilles archéologiques. Les jeunes sont des pyramides de passé, et leurs richesses sont innombrables, pour peu que l’on veuille bien les déterrer. Notre démocratie est tout de même bien balbutiante. On peut noter un certain progrès dans le fait que M. Chirac ait compris que c’était en ayant un contact avec la base qu’il arriverait à se faire entendre. Parce qu’on ne peut donner à boire qu’avec de l’eau, M. Chirac a fait un stage aux sources. C’est pourquoi il a “gagné”. On voit quelle ironie peut entourer ce mot “gagné”. Oui, quels efforts, quels sacrifices a-t-il dû faire durant tant d’années pour arriver là où il est ? Mis à part tout son sérieux et toute son opiniâtreté, lui reste-t-il un peu de joie de vivre ? La joie du succès ou la joie de vivre ? Est-ce pareil ? Content d’avoir gagné ? Content d’avoir été le premier et d’avoir fait des derniers ? L’opposition fait la gueule et attend son tour. C’est ça la démocratie ? Des écrasants et des écrasés ?
Au fond, cela ne fait guère que des écrasés par leur passé. Prisonniers de nos choix et de ceux des autres, prédestinés, nous avançons vers la mort, tel un train sur des rails. Peu d’aiguillages, aiguillages imprévus, non annoncés. Et tout cela pourquoi ? Parce que pour gagner notre vie, l’on nous a appris qu’il fallait travailler. Sinon, on mourait. Alors on a travaillé, et on n’a plus rien choisi, plus rien décidé. Non, tant que nous ne travaillerons pas pour le plaisir de créer, nous ne serons que des pantins entretenus par la grande machine à gagner.
Car la vérité, la voici : la vie tend à la vie, elle ne tend pas à la mort. Tout ce que nous faisons, nous le faisons dans une intention de renouvellement. En filigrane, nous pouvons comprendre que la mort est ce miroir qui nous permet de nous voir, de nous objectiver. Le plaisir, la joie de vivre, la joie de travailler, tout cela, c’est pour continuer à vivre. Les richesses que nous tirons de la terre, nous les tirons avec plaisir parce que c’est pour nous, pour notre vie que nous le faisons. Et lorsque nous aimons nos enfants, nous savons que c’est nous aussi que nous aimons, et lorsque nous faisons un enfant, nous savons que c’est nous que nous faisons, alors, que l’on ne nous raconte pas d’histoires ! Tout ce qui nous détourne de la vie, nous le voyons, nous le savons. Personne n’acceptera l’aliénation. Le pouvoir au peuple, c’est la démocratie appliquée. À nous d’en trouver les modalités et de les faire comprendre à tous les étages. Sinon, il y aura de l’eau dans l’gaz, vous le savez.
C’est pour cela que la liberté d’expression est une des revendications les plus importantes actuellement. Je répète encore : mieux vaut plusieurs petits volcans qu’un gros. Le gouvernement semble ne pas avoir compris cela puisqu’il a décidé de ne pas aider les associations qui le critiquent. Grosse erreur stratégique. Un bon pouvoir se nourrit de sa critique, un pouvoir usurpé la rejette et meurt anorexique. J’espère que le gouvernement finira par comprendre qu’après tout, une association loi 1901, c’est une entreprise en projet. Car qu’est-ce qu’une entreprise, sinon des gens qui réalisent un projet ?
La liberté d’expression, c’est la vie en projet ; les cigales d’aujourd’hui sont les fourmis de demain.
Cigales et fourmis, serrez-vous la main et allez en paix. Que les “honnêtes gens” cessent d’agiter la crainte des lendemains devant les visages des enfants. Tout être humain sait que pour vivre il doit manger, dormir et aimer. S’il se met à vomir, à veiller et à haïr, laissez-le aller, laissez-le parler, cessez de lui interdire ce qu’il vous a demandé. Et réfléchissez : n’êtes-vous pas en train de reproduire ce qui pour vous, à un autre niveau, est en train de se passer ? N’ayez jamais peur de changer, de partir ; sinon, vous serez l’esclave de la société. Soyez-vous même et souvenez-vous : la vie, c’est manger dormir aimer, le reste n’est qu’artifices et paillettes dorées.
Le XXème siècle fut un grand siècle. Grand dans ses déchirures et dans ses progrès. Deux guerres mondiales, comme pour prouver que rien n’est jamais terminé. Des progrès en pagaille : soins, techniques, libération et éducation, information, sexualité. Mais il reste encore bien des aspects oubliés : L’écologie, qui est reléguée quasiment au dernier plan alors qu’elle devrait se situer au premier. La politique, qui apparaît comme une forme bien trop fixée et qui gagnerait beaucoup à se discuter plus largement. La création et la libre expression, que l’on considère encore bien trop comme des récréations ou des contestations alors qu’elles sont au fond le seul apprentissage réellement pertinent et adapté à la démocratie.
Je suis absolument obligé de dire que la notion de nation mérite d’être remise en question au vu de l’inquiétant déséquilibre planétaire que nos sociétés “développées” continuent de légitimer les yeux fermés.
La mondialisation, phénomène qui marque ce XXième siècle du sceau du fric et du sang, a été acceptée à sens unique, afin de faire gagner les gagnants. Comme pour les individus, les nations doivent mettre en commun les problèmes avant de songer à s’étendre, avant de se permettre de faire cavalier seul. Prenez les trois tiers du monde et mélangez doucement jusqu’à ce que vous obteniez une pâte homogène, voilà le prochain rendez-vous de l’humanité si elle veut conserver le droit de vivre, car tout est lié : écologie, économie, paix.
La recette de l’amour sera toujours la recette des beaux jours, où qu’il faille aller la chercher.

LA QUADRATURE DU POUVOIR

MÉTAPHORE :

Les nouveaux résistants sont les immigrés clandestins qui font face à l’envahisseur en vivant sur leur territoire sous leur barbe et à leur nez.
Les nouveaux nazis, le nouveau Reich, c’est bien celui de l’occident développé, qui autorise le génocide de l’Afrique en fermant ses frontières et en exploitant à prix dérisoire les ressources en matières premières, matières premières qui valent plus que toute valeur ajoutée puisqu’on ne peut ajouter de la valeur à quelque chose qui n’existe pas.
Le chômage, l’exclusion ne sont que les preuves de la maladie mentale dont fait preuve “l’élite” mondiale. (Élite est un mot raciste)
La nouvelle torture c’est l’enrégimentation précoce de l’enfance, l’apprentissage de la passivité face à la toute puissance des aînés, des parents, la torture de l’esprit à qui l’on a volé le corps, la conscience enchaînée à l’impuissance.
Les nouveaux collabos sont les administrations qui obéissent bêtement aux dirigeants.
Les nouveaux pétainistes sont les syndicats qui croient pouvoir composer avec l’ennemi. Ils font en fait un pacte avec le diable lorsqu’ils prennent comme base les lois du passé pour le droit d’aujourd’hui. À la libération, sans doute, ils s’en repentiront.
Les terroristes sont les kamikazes de la résistance.
La crise politique est celle de la représentativité défaillante de notre république. Les citoyens élisent des gens qui décident les yeux fermés au niveau national au lieu d’envoyer la balle à des commissions locales composées de citoyens concernés.
La crise de société est la crise de la mondialisation, la crise de l’investissement des pays développés en direction des pays en difficulté. Certains pays ont une surnatalité calamiteuse, les nôtres ont une dénatalité aussi calamiteuse : ce qui ressort de la crise actuelle, c’est que les gens arrivent hors d’haleine à la retraite, lessivés par toute une vie professionnelle robotique, par toute une marche forcée dont sans comprendre les raisons ils ont accepté les conséquences : plus de famille, plus d’éducation personnelle pour les enfants (l’éducation de masse est un outil d’aliénation : comment apprendre à obéir à des théories imposées sans commencer par comprendre les pratiques utilisées?)
La crise actuelle est donc un raz-le-bol général dû à la prise de conscience que l’on s’esquinte la vie pour un résultat de déliquescence générale.
La solidarité qui se met en place lorsque le système arriviste capitaliste s’effondre (mai 68, déc 95) est la seule réponse possible. Il faut marier le plaisir au travail et le travail à la solidarité.
La crise de société s’analyse ainsi : des illuminés ont fait croire au peuple que le futur serait mieux que le présent. Pendant que tous fixent la lumière des lendemains qui chantent, ils ne voient pas, dans l’obscurité qui les entoure, les grands fantoches politicards se remplir les poches.
En voyant les politiques (au sens large : les combinards) s’enrichir, le peuple a quand même interrogé le pouvoir. Le pouvoir a répondu qu’il s’enrichissait parce qu’il travaillait plus et mieux que le peuple. Alors le peuple s’est mis à travailler plus et mieux : inflation du nombre d’étudiants. Une fois que tout le monde a travaillé plus et “mieux”, rien ne s’est amélioré.
Alors à présent, le peuple doute de la notion de démocratie et commence à comprendre que le pouvoir est une secte où il faut montrer une patte blanche rouge du sang des opprimés.
Le système du pouvoir, c’est d’égorger d’une main tout en perfusant de l’autre. Le peuple ne voit que la perfusion ; le poignard, lui, est bien dissimulé, enveloppé de frontières, de privilèges, de cadeaux, de pères noëls, de lotos, d’objets, de bonbons, de “petites” tricheries sur l’échiquier, mais il tue.
Dracula. URSSAF PANCRAS et CARBALAS, où que tu sois, quoi que tu fasses. L’aveugle et le ravin.

LE MENSONGE SOCIAL

La société humaine

Hypothèse de départ : La société fonctionne comme un être humain ; mais comme elle est constituée d’individus il faut résoudre ses problèmes à la fois de façon globale et de façon plurielle (ou individuelle, c’est pareil). Cependant il s’agit de résoudre et non d’entretenir le malaise sans tomber dans le totalitarisme en cherchant la solution et en l’imposant. Il faut subséquemment chercher ce qui est hypocrite et ce qui ne l’est pas, ce qui entretient le malaise en imposant une idéologie et ce qui l’aide à disparaître. Pour tenter de donner une réponse suffisamment globale à un problème de société, il faut partir de l’être humain lui-même et de ses lois fondamentales.

Des lois fondamentales

Quel est le problème qui complique tant la vie de l’humain ? La psychanalyse (la science de la conscience de l’individu) répond : le mensonge – mais quel mensonge ?
L’inconscient garde la mémoire du passé qui recèle forcément des instances contraignantes, traumatisantes. Donc les premières années (l’Éducation…) ont un statut particulier quant au futur développement de l’enfant.
Le mensonge social est donc issu du conditionnement effectué par les structures du milieu sur l’enfant ; Il s’agit d’un mode de vie dans lequel l’enfant croit devoir s’insérer pour être en harmonie avec un milieu qu’il perçoit comme naturel, mais qui ne l’est pas. C’est un peu la Frontier (la conquête d’un territoire sans limite apparente), le Paradis Perdu.
En fait, il faudrait que l’inconscient ne garde pas la trace des traumatismes pour que personne ne cherche à être en harmonie avec quelque chose qui n’est pas soi-même. Il n’y aurait alors qu’un développement harmonieux de l’individu au sein d’une société harmonieuse par nature. Cela n’est pas. Il s’agit donc d’harmoniser. Pour ce faire, le seul moyen consiste à supprimer l’influence des traumatismes en permettant à l’inconscient de ne plus leur attacher d’importance.
L’inconscient demande que la réalité lui prouve que ces traumatismes n’ont aucune importance et peuvent donc être oubliés. Seulement cette démonstration demande que la société et l’individu en état de demande s’accordent et donc qu’un équilibre soit atteint par les partis en présence.

L’ inconscient et la société

A présent, quel est le rôle de l’inconscient dans la société ?
L’inconscient refoule la situation traumatisante par le biais du déplacement, c’est à dire qu’il l’associe à des choses sans rapport direct mais ayant un point commun avec elle. Ainsi, par exemple, un enfant qui a peur de l’eau associe l’eau à quelque chose qui l’a traumatisé. De la même façon, un Hitler qui veut épurer l’humanité de la race juive associe les juifs à une instance traumatisante qu’il a connu dans le passé.
La situation traumatisante fait croire à l’enfant qu’il y a un obstacle à vaincre, à contourner. Le mensonge de l’inconscient consiste donc à prendre cet obstacle et à tenter de l’intégrer dans l’affectivité de l’individu, en disant, par exemple : “tant que je n’aurai pas fait cela, je ne serai pas un homme”. Ce processus tend à déplacer les affects sur des objets ayant un rapport indirect caché avec la situation traumatisante.
A partir du moment où les structures préétablies de la société exercent une action contraignante sur ses composants (les individus) pour garder une cohérence au système, on peut deviner qu’elles (les structures) vont être perçues comme inacceptables, ou, tout au moins, que certaines de ses lois seront perçues comme insupportables car traumatisantes. Il va y avoir refoulement au niveau de l’individu, donc déplacement, donc, une perte d’objectivité créatrice d’illusions qui va menacer l’équilibre du système.
Il s’agit de gérer cette perte d’objectivité autant au niveau individuel qu’au niveau collectif, au niveau mental qu’au niveau social. Elle est inévitable, mais elle est gérable. Le seul moyen me semble être une prise de conscience collective du mensonge social qui pèse sur nos sociétés dites “développées”.

Le mensonge social

Maintenant, examinons le malaise. Quel est-il ? L’indifférence ? L’inertie ? Le chômage ? La pollution ? La politique ? Ne sont-ce pas seulement différentes facettes tournant autour du seul problème du mensonge des pays développés ?
Ainsi, le mensonge des pays développés se cacherait derrière une fixation autour de différents thèmes tels que la Démocratie, le Savoir, le chômage, l’intégration, l’apparence, la beauté, la réussite, l’élite, le bénévolat (médecins sans frontières…) etc qui empêcherait lesdits pays de voir autre chose que leur nombril, leur permettant d’oublier leurs injustices (attentisme, laisser-aller…).
Ces problèmes-là étant véritablement obsédants, des structures sociales sont apparues pour en profiter sous prétexte de soulager. Ainsi, les industries de cosmétiques ne seraient là que pour permettre à chacun (“démocratie”) d’atteindre l’idéal de beauté, de ligne désiré, et les facultés, pour permettre à tout un chacun de se croire irréprochable car savant. Idéal totalement déplacé par rapport à la réalité du déséquilibre planétaire (nature, “tiers”-monde) qui n’a que faire du rouge à lèvres et du body-building.
Ainsi les pays développés fixent une image sociale, de par les médias, de par l’idée qu’ils donnent de la réussite, de par tous ces artifices technologiques, qui fait preuve d’un remarquable nombrilisme.
Cette image n’étant pas remise en question, ou si peu, tout le monde cherche à se définir en fonction de cette norme qui crée une véritable phobie de l’anormal (d’où les fixations sur le faux problème de l’intégration qui n’est né qu’à cause de cette “norme idéale” factice).
C’est là qu’apparaissent psychothérapeutes, médecins, homéopathes, chanteurs idolâtres (médecins du cœur) etc, qui tentent de faire oublier le malaise par des paillettes dorées saupoudrées sur la blessure. Mais est-ce vraiment là ce qu’il faut chercher à faire ? Non, répond la psychanalyse. Il faut faire revenir le refoulé en mettant l’être humain des sociétés développées en contact avec un monde matériel, une réalité quotidienne qu’il a oubliée à force de se projeter une image factice de lui-même. Il ne faut pas entretenir le mensonge social de l’homme dit “de société développée”.
En résumé, le mensonge social consiste en une image factice de l’homme idéal qui est socialement entretenue en lui permettant de croire qu’il peut l’atteindre par l’intermédiaire de la technique et du savoir, ce qui est faux. Les médecins, homéopathes, psychothérapeutes, et peut-être même les prêtres (pourquoi pas), entretiennent cette image en offrant au malheureux frustré des moyens factices d’atteindre cette beauté illusoire.
Il faut comprendre que cette beauté illusoire tant visée participe autant d’une beauté intérieure que d’une beauté extérieure. Que les moyens utilisés pour l’atteindre sont donc autant physiques que psychiques. Que le Yoga, la psychanalyse, la religion peuvent être utilisés à la même fin que le maquillage et le body-building : se faire croire que l’on atteint l’illusion imposée.
L’esprit réagit contre cette illusion, par exemple par le biais de l’anorexie et de la boulimie, en tentant par à coups de la rejeter totalement (en refusant d’assimiler tout ce qui vient des hommes) ou au contraire en tentant de la faire sienne par une consommation immodérée d’aliments (ou d’aliments sociaux : cosmétiques, fringues…).
L’anorexie et la boulimie peuvent prendre d’autres formes que celle alimentaire : peut-être pourra-t-on déceler le même mécanisme agissant chez les insomniaques, les allergiques, les intellectuels, les dyslexiques, les attardés mentaux, scolaires et autres “anormaux”.

De bonnes résolutions

Alors, à présent, il faudrait que les pays développés cessent de chercher à atteindre une illusion mensongère que notre société de consommation soi-disant démocratique cherche à imposer.
Il faudrait que nos sociétés cessent de chercher la croissance économique à tout prix et que les responsables, intellectuels, industriels, politiques, cessent d’imposer un rythme de consommation forcée, aussi bien du savoir que des objets ou des aliments.
Il faudrait que les “artistes” cessent de se faire idolâtrer sur scène et ailleurs et de se remplir les poches en divertissant le peuple qui ne cherche qu’à oublier la réalité en s’emplissant les yeux de paillettes dorées.
Il faudrait traiter le problème du chômage moins en des termes économiques et politiques qu’en des termes de gestion morale.
C’est ainsi que nos sociétés développées doivent prendre un tournant décisif en acceptant de se regarder en face, c’est à dire en acceptant de s’harmoniser avec l’individu (et partant, avec le milieu naturel). Il faut permettre à l’inconscient des gens de ne plus s’attacher à cette image totalitaire du bonheur, à ce “Bonheur insoutenable” , bref à cette illusion en cessant d’imposer une image idéale. Ainsi, à mon avis, l’avenir est à l’écologie (dans son sens le plus large), à la psychanalyse et au bon sens (que l’on pourrait peut-être aussi appeler sensibilité) plus qu’aux apparences sociales à la politique politicienne et à l’éclat doré.
Il s’agit de retrouver les lois fondamentales de l’homme et de la nature.

Le fond du problème

Ainsi, nôtre idéal démocratique capitaliste tient actuellement d’un totalitarisme à peine déguisé par nos sociétés de consommation. Je pense aux pubs pour la console SEGA : “Maître SEGA” “c’est plus fort que toi” “avant il n’y avait pas SEGA” sous-entendu par l’image que l’on ne pouvait se distraire qu’en faisant l’amour, maintenant, plus besoin, au panier l’amour ! La chose la plus belle et la plus naturelle du monde n’est rien par rapport au plaisir qu’apporte la technique.
Mais quel est donc ce mensonge qui a pris possession de nos esprits ? J’en reviens à la théorie du déplacement : il faut admettre que cette image de l’homme idéal, que cette société de consommation dont on nous vante tous les mérites et tous les acquis est le substitut d’autre chose. Je pense alors à la “Louve Romaine”, à l’expression “les mamelles de la France”.
Nos sociétés ne seraient-elles pas en quête d’une image maternelle (“Mère Nature” étant de plus en plus déconnectée de l’individu) faisant défaut ? La nation offrant son lait à ses “enfants”.
Ne chercheraient-elles pas à exorciser cette frustration en s’entourant de biens matériels en multitude, en cherchant à s’étouffer de substituts, à mourir de boulimie ou d’anorexie ?
Mais le règne des substituts, de la technique ne fait pas que détruire l’image maternelle. En effet, en imposant tous ces palliatifs par le bourrage de crâne, la société détruit l’image du père, ou plutôt, elle en fait un être artificiel, socialement déterminé qui n’offre plus à sa progéniture qu’une autorité factice, qu’un amour conditionnel, n’émanant pas de lui, mais de ce que la société lui impose.
En fait, cet “exorcisme” ne fait qu’entretenir l’illusion puisque ce qu’offrent nos sociétés ne sont que des substituts, des illusions de plénitude destinées à combler nos esprits, à aveugler nos sens et nôtre raison, à nous enivrer.
La technique et le savoir sont devenus l’opium du peuple.

Un remède efficace ?

Puisque le mensonge social a pris possession de l’individu, la première (?) chose que la société fait est de lui fournir un remède ; ainsi, la cure psychanalytique vient reconnaître l’existence dudit mensonge chez l’individu et en le reconnaissant, elle lui permet de cesser d’exister. Mais si la cure psychanalytique peut guérir l’individu, elle ne peut changer le système d’un coup de baguette magique, elle montre la voie à l’individu, mais elle ne résout pas les problèmes de société ; elle n’est pas une fin en soi.
Donc il faut cesser de voir en elle une image totalitaire qui n’est que le substitut de l’image paternelle faisant défaut. Ceux qui y voient cette image feraient bien de se poser des questions. Elle est une réponse déterminée à un problème déterminé et en cela, elle est honnête : Elle révèle la vraie nature des substituts, elle élimine un problème.
Par contre, la psychanalyse en tant que science propose une optique intéressante : étudier la société en prenant pour base l’idée qu’elle fonctionne comme un être humain et donc tenter de gérer son fonctionnement en tenant compte des lois qui régissent l’individu.

Trouver un accord

Dans la pratique, il faut donc que nos sociétés trouvent un accord avec l’individu, et c’est là tout le nœud du problème. La psychanalyse fait sûrement partie de cet accord, mais elle ne suffit pas. Elle peut guider l’individu en direction dudit accord et partant, guider la société par la même occasion ; elle est un moyen, un instrument d’étude intéressant pour étudier le social et en tirer des leçons. Reste à les appliquer.
Donc, quel accord ? Ne serait-ce pas que les dirigeants acceptent que l’idée de croissance n’existe pas ? Ne serait-il pas une tentative d’organisation de la société selon d’autres lois que celles que nous utilisons ? Par exemple en rémunérant plus l’utilité matérielle que l’utilité intellectuelle, en faisant primer le bon sens sur l’agilité mentale ?
En cessant de se poser le problème des moyens pour remettre en question la fin ? La solution ne serait-elle pas une révolution des mentalités ? Un oubli des paillettes dorées ? Un refus du compromis avec les valeurs préétablies ?
En fait, il faudra que ces sociétés développées s’appliquent à permettre à l’individu de ne pas s’attacher au mensonge social qu’elle s’invente, en le reconnaissant. Alors seulement elles pourront agir librement et honnêtement, c’est-à-dire, cesser de se regarder le nombril.
Dans l’accord qui reste à formuler, il y aura trois forces à concilier : L’individu et ses besoins, l’humanité et ses lois (La Civilisation), et les impératifs de la nature. Le but étant de retrouver un équilibre entre le singulier de l’individu, le pluriel de la civilisation et le UN de la nature.

MORE & TWIN PEAKS :

DEUX ÉPOQUES POUR UN MÊME SUJET

Je vais vous parler de deux films qui parlent singulièrement de la même chose, et qui cependant ne se ressemblent pas du tout : ôtons le voile tout de suite : More de Barbet Schroeder (1969) avec la musique des Pink Floyd et Twin Peaks de David Lynch (1992), musique d’Angelo Badalamenti.
Nous allons commencer par les points communs, ce qui nous permettra par la suite de comparer les deux époques, les deux univers à l’intérieur desquels se situe l’action.
Les deux films parlent d’une personne qui est prise dans le tourbillon de la drogue et qui en meurt. Il s’agit dans les deux cas d’un parcours initiatique qui mène vers la mort, et même après la mort vers une paix et une morale supérieures parce que l’individu est arrivé au terme de sa destinée. Peut-être peut-on dire qu’il s’agit d’un apprentissage par la mort.
Dans les deux cas ce qui y mène, c’est la marginalisation (c’est à dire le franchissement des limites de la vie communautaire) par la drogue, la sexualité et les milieux marginaux (c’est à dire qui effacent l’identité : milieux dépersonnalisants).
Dans les deux cas, la nature vient dépersonnaliser les victimes.
Dans les deux cas, une personne vient aider la victime inconsciente, mais celle-ci est bien trop prise dans l’engrenage pour arriver à discerner un espoir de bonheur au bout du chemin. Le destin est déjà scellé.
Dans les deux cas, l’amour est au centre du problème, et dans les deux cas l’amour sera un moyen de perdition, d’aliénation. Autres points communs, les anges déchus ont leurs démons : pour Laura, Boby, qui associe amour, dépendance physique et drogue, et pour Mark, X qui représente la volupté incarnée dans la drogue, la sexualité et l’amour. Nous voici donc au cœur du problème : qu’est-ce qui a poussé ces deux aventuriers de l’impossible dans une telle situation, pour ne pas dire dans une telle merde ? L’autorité, le pouvoir est la seule réponse. Pour en arriver à une telle recherche effrénée d’amour au point de larguer toutes les amarres communautaires et identitaires, il n’y a que la privation d’amour.
Mark et Laura ont tous deux étés empêchés d’aimer par leur milieu.
Nous en arrivons à présent aux différences que je vais énumérer pour en faire une analyse dans une troisième partie.
Ayant terminé ses études en Mathématiques Mark part à la découverte du vaste monde, sous-entendu, il part à la recherche de l’amour qu’on ne lui a pas permis de découvrir. On sent bien que une fois ses études terminées, au moment même où il pouvait “s’installer”, il a largué les amarres et tout effacé au profit d’une vie remplie d’imprévu, de rencontres et de hasards, une vie sans métier fixe mais aux milles petits boulots, en fait, une vie aux mille vies. Il fuit l’ennui qu’il a connu. Il est libre.
Pour Laura, la situation est différente, elle ne peut matériellement larguer les amarres ; elle se trouve elle aussi dans une impasse affective profonde mais cette impasse est matérielle. Si Mark est prisonnier du passé, Laura est prisonnière du présent. Première différence.
Deuxième différence : le film de David Lynch se présente comme une enquête avec à la fin la clef du mystère, alors que celui de Barbet Schroeder, se présente lui comme une narration par une voix off qui est celle de Mark, celle d’un mort qui regarde sa vie et la raconte au public.
Troisième différence, et de taille, Laura ne meurt pas d’une overdose, au fond, elle ne meurt pas de la drogue, elle meurt de l’image de dépravation qu’elle donne à son père. En apparence ce n’est pas un suicide, mais un meurtre, quoiqu’on puisse penser qu’ici les deux se rejoignent.
Quatrième différence, tout le mystère qui réside autour de la disparition du détective et le fait qu’il se retrouve avec Laura après la mort, alors que la mort de Mark ne laisse aucune ambiguïté.
Cinquième différence, le fait que le film de Lynch soit ultra-codé symboliquement, alors que celui de Schroeder l’est plutôt métaphoriquement.
Je crois que c’est à peu près tout quant aux différences. Nous en arrivons donc à présent au niveau de la comparaison des différences et de ce qu’elles nous apprennent sur notre époque. 23 ans séparent ces deux films, c’est à dire une génération, et une génération à notre époque, c’est énorme.
Si le film de Schroeder est extrêmement logique et si l’on peut aisément discerner les erreurs de Mark, il n’en est pas de même pour celui de Lynch. Laura est beaucoup plus difficile à prendre en défaut. Cela est dû au fait que le film de Lynch est beaucoup plus freudien et métaphysique que celui de Schroeder. Ce qui révèle que notre génération est celle non qui manque de repères, mais qui est envahie submergée de repères et qui ne sait plus à quoi se fier. Si Mark renie son passé, Laura ne reconnaît pas son présent, ne comprend pas ce qui se passe, demande des preuves, veut savoir.
Si la mort de Mark est une mort par amour, celle de Laura est une mort par refus d’amour : celui d’un père abusif. On le voit, elle refuse et les uns et les autres : sa copine, son amoureux, son confident. Elle a franchi les limites, non seulement de la drogue, mais de la compréhension. On peut comprendre par là que le meurtre de Laura par son père, n’est qu’un symbole ; dans la réalité, Laura (qui représente n’importe qui de la nouvelle génération) peut mourir autant d’un suicide volontaire que d’un suicide involontaire, d’un cancer d’un SIDA d’un accident. Lynch dénonce dans la nouvelle génération les morts prématurés, morts de non-vie affective, morts d’autorité paternelle, maternelle, parentale.
Lynch dénonce cette obscure force du mal qui demande non son pain quotidien mais sa dose de souffrance quotidienne (son garmonbozia), un peu comme Dracula se nourrit du sang de ses victimes. Il dénonce le mensonge qui fait toujours souffrir, le mensonge universel de la civilisation et nous rappelle nos origines animales. Loin de se lamenter, Lynch montre le drame de la souffrance et de la mort comme une destinée incontournable. Nous mourons pour laisser de la place aux autres.
D’autre part, Lynch nous ramène vers l’écologie, car au fond de son raisonnement on retrouve sans aucun doute la logique économique du problème de la surpopulation, du manque d’espaces libres, sans lois, sans règles qui permettent aux êtres humain d’évacuer librement leurs pulsions animales.
On sent bien qu’il n’y a rien de raisonné dans les actes de Laura, il n’y a qu’une incapacité bien fondée à supporter ceux qui l’entoure, à supporter son époque, car, rien ne la satisfait sinon les circonstances où seul compte l’instant présent : baise ou drogue. Sa fuite est totalement aveugle, comme blanche-neige courant dans la forêt, comme une dinde stupide perdue dans un champ de maïs, ou dans un champ de pavots.
Au contraire, dans le film de Schroeder, qui concerne la génération 68, on sent bien tout le calcul du héros : déjà, il est mathématicien, ensuite il choisit de se libérer au moment où il a obtenu l’acquis scolaire et culturel qui lui permet d’être reconnu par la société. Il y a là une morale infiniment plus présente et maîtrisée, comme son amour pour L, auquel il tient par dessus tout. Ses choix sont clairs, et l’erreur qu’il fait en ne comprenant pas que L est perdue, qu’elle est elle-même une drogue, un ange pervers, déchu, est claire elle aussi. Dans ce film, les déterminismes sont cachés, ce qui révèle encore une facette de notre époque : notre époque est celle des apprentis sorciers, la nouvelle génération ouvre la boîte de Pandore quitte à en mourir, alors que la génération passée a fermé les yeux sur ses mécanismes intérieurs, pour les porter où on leur disait de les porter : vers l’extérieur. Il y avait du boulot en ce temps-là, et celui qui voulait changer d’air le pouvait. Mais Mark est mort d’avoir trop aimé, trop admiré L, le monde qui semblait lui ouvrir les bras et de ne s’être pas regardé. L’étreinte une fois nouée l’a étouffé. La vampire était trop belle.
On comprend bien que le problème de notre époque n’est pas d’aimer, mais de savoir aimer la personne pour elle-même et non pour soi-même. Au niveau du gouvernement on peut comprendre la chose : il vaut mieux faire des personnes autonomes qui coûtent plus cher que des dépendants qui amènent la ruine. Les autonomes vous le rendront, mais les dépendants ne vous rendront rien.
Il faut bien rendre hommage à l’ancienne génération : MORE et les Pink Floyd, c’était super. Une lumière quasi divine entoure l’amour absolu de Mark, et les voluptés atteintes sont sans aucun doute extrêmes. La libération de l’imaginaire symbolisée dans l’attaque du moulin à vent montre le degré d’expression atteint par cette génération qui fit Mai 68. Mais sous cette libération, quelle répression ne pouvait-on deviner ! Pour en arriver à de telles extrémités, que de pression il a fallu pour au fond si peu de mousse. Et là où l’on peut s’inquiéter pour notre avenir, c’est quand on pense aux limites des possibilités d’expression de Laura. Ce n’est plus à 25 30 ans que la répression fait péter les sécurités de l’individu, c’est à 18 20 ans, si ce n’est avant. La génération 90 est celle des petits génies indisciplinés qui balancent leur science et leurs ordinateurs par les fenêtres.
Le film de Lynch s’apparente beaucoup à l’expression d’une science de la compréhension qui pose les énigmes humaines afin de les résoudre. L’enquête œdipienne quasi métaphysique que Lynch met en œuvre ressemble beaucoup aux analyses de Freud, et la méthode de libre association, Mr Lynch en a usé sinon abusé. Lynch regarde le monde et dit : voilà mon puzzle, je vais essayer d’en délimiter les contours. Tandis que Schroeder dit : voilà le problème, comment il devrait se résoudre et comment il s’est finalement résolu. Ce n’est pas vraiment de la science chez Schroeder, car Schroeder est vraiment trop logique pour faire un bon chercheur. Le centre d’intérêt de la science se déplace peu à peu sur l’homme lui-même et la génération des scientifiques a plus ou moins fait son temps.
Par contre, Schroeder a fait de la littérature, et un film tel que le sien est évidemment infiniment plus rafraîchissant et positif que Twin Peaks. Il offre plus de réponses que de questions. Il démontre, affirme, alors que Twin Peaks laisse deviner. C’est pour certains sans doute un policier confus, embrouillé et macabre tandis que pour d’autres, c’est Agatha Christie, Freud et Gainsbourg mélangés.

NOMBRILISME

Que voit-on ? Qu’entend-on partout actuellement ? On parle de malaise, de crise, de chômage. Dans le milieu étudiant, dans les “hautes” sphères politiques, dans les familles, dans les couples, le malaise semble s’être insinué partout. Il y a-t-il en occident une personne qui soit en paix avec elle-même ? Existe-t-il une société développée digne de ce nom ?
Car comment, avec les moyens techniques et le savoir-faire que nous possédons, comment le monde peut-il être en train de vaciller sur ses bases, autant écologiques que démocratiques ? Comment se fait-il que notre belle structure démocratique soit incapable d’agir efficacement sur ces régimes totalitaires, sur ces populations qui meurent de faim ? Comme nous devons être mesquins, faux et hypocrites pour avoir si peu d’emprise sur notre malheur et sur celui des autres  ! Et comme il est justifié, ce malaise si démocratique qui nous envahit tous, de la classe politique aux médias, de l’étudiant au fonctionnaire !
Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Comment a-t-on pu se perdre dans de tels marécages démagogiques ? Comment peut-on se cacher la vérité ? Comment pouvons-nous être aussi peu efficaces, malgré tous nos progrès, presque malgré nous ?
Qu’est-il, ce malaise, sinon un mensonge, si énorme que sa structure nous paraît diffuse, vague, ou même transparente ? Et comment se fait-il que lorsqu’on le regarde, on ne voit que soi de l’autre coté. C’est que notre mensonge porte un nom bien précis: nombrilisme. En effet nos sociétés, par l’intermédiaire des médias, ne cessent de nous parler de chômage (qu’est-ce que le chômage, sinon une réaction sociale contre notre technocratie à tendance totalitaire ?), de veiller sur la bourse (chercheraient-ils à nous faire peur en faisant semblant de guetter un nouveau jeudi noir ?), mais aussi, du temps qu’il fera demain (pourvu que ça n’empire pas ! — Sous-entendu, on voudrait pouvoir jouer aussi sur les éléments naturels !), du tiercé-quarté-quinté-plus (pourvu qu’on gagne !), des auteurs à succès qui s’amusent à nous faire pleurer sur nos petits malheurs et sur leurs horribles obsessions avec des gants et un stylo. Regardez-le, ce film de Jean-Jacques Annaud et demandez-vous pourquoi il nous fait pleurer sur ce pauvre petit ours qui nous ressemble tant ? Notre civilisation du confort voudrait-elle nous faire croire que nous ne sommes que de malheureux petits ours lâchés dans une nature sauvage et cruelle ? C’est une exploitation de la complaisance des masses affichée au grand jour sans honte ni modestie. Et après on pleure sur le cinéma français ! Nos médias ne font que nous flatter outrancièrement.
En effet, lorsqu’ils abordent le sujet des pays en difficulté (en guerre ou “sous-développés”), ils se lamentent encore et nous montrent leurs belles images symboliques qui n’avancent rien à rien. Ils nous déchirent le cœur à coup d’images criantes de vérité pour la bonne raison qu’elles sont vraies. Tout ce qu’ils nous montrent, ce n’est pas le malheur des autres, c’est le regard de pitié condescendante que nos sociétés, que nos médias nous imposent, tout en tentant de nous faire croire qu’ils agissent. Je ne me savais pas lâche au point d’être pris pour un idiot par les journalistes !
Lorsque enfin, nos médias auront compris (et si c’est déjà fait, c’est bien plus inquiétant !) qu’ils ne font que se gratter le nombril avec leurs journalistes tintins-en-danger et leurs reportages murs-des-lamentations-contre-lesquels-on-ne-peut-rien et glandes-lacrymales-en-éruption, et avec leur politique tout juste bonne à se brosser les dents reflétant le nombrilisme d’un système qui ne cesse de se regarder dans son miroir et de se demander s’il est bien le plus beau ;
lorsque ayant compris tout cela, ils lanceront un véritable cri de secours et d’appel à la révolte nous délivrant ainsi des tentacules de notre société de consommation à tendance totalitaire et de notre égocentrisme de pauvres castrés ; lorsque enfin, nous cesserons de nous nourrir de cachets d’aspirines et que nous offrirons des moyens d’action ne nécessitant plus des monceaux de diplômes et des trésors de démagogie, alors, je crois que nos sociétés pourront mériter de s’appeler des “démocraties” et que notre malaise s’évanouira dans une nature enfin reconnue par l’homme.

POÉSIE

Où trouve-t-on la poésie de nos jours ? Où est passée la septième compagnie ? Mais il suffit d’ouvrir les yeux pour la retrouver, la belle dame oubliée, la belle dame du temps jadis. La publicité lui offre un des plus sûr abris. Mise au service de l’argent et du produit, la poésie crée le comportement, la poésie vante les mérites et la beauté du café XY. Les sentiments asservis à l’argent ont gardé leur merveilleuse humanité, leur merveilleuse poésie. Et pourquoi irait-on contre cela puisque cela va vers le mieux ? Mais comme dit Coluche, “Plus blanc que blanc, qu’est-ce que c’est ?” … la vérité, c’est que ça ne va pas vers le mieux, ça va vers le plus et donc, quelque part, on va vers le moins. Ni plus ni moins est une expression qui dit bien ce qu’elle veut dire : l’essentiel. C’est de l’arnaque, ni plus ni moins. Pourquoi ? Parce qu’un café n’a jamais rendu quelqu’un heureux. Ce qu’il donnait, ce café, c’était un prétexte pour une réunion, pour un rite sacré, pour un instant de partage. Quelqu’un versait le liquide bouillant dans toutes les tasses et chacun buvait. Chacun buvait ce jus noir, qui en lisant le journal, qui en parlant d’actualité, qui, en cousant un tricot, et tous ensemble vivaient heureux car ils vivaient ensemble, car chacun faisait ce qu’il voulait et le partageait avec les autres.
Et la poésie, la si simple, si élémentaire poésie, c’était celle là : savoir vivre et aimer ensemble. À la fois unis et séparés. Et puis la publicité a repris tout ça. Les vendeurs ont réfléchi. Pour le bien de votre enfant. Pour le bien de la famille. Pour le bien de l’individu. Pour le bien de la ville. Pour le bien de la France. Et ils ont tout vendu pour le bien. Pourquoi s’en passer ? Oui, pourquoi se passer de ces usines exportées où la main d’œuvre est sous payée, maltraitée ? Où est-ce marqué que l’ouvrier a été payé 10 francs de l’heure ? Où a-t-on pu lire qu’il était mal logé, mal nourri, mal considéré ? Alors pourquoi ne pas s’en passer, de celui qu’on n’a jamais connu ? Pourquoi ne pas le laisser bien exclu, dans son univers bien fermé ? Pourquoi penser à lui comme à un copain, lui qui ne fait que travailler ? Non, de toutes façons, l’ouvrier qui a réalisé ce produit l’a fait dans le luxe, le calme, et la volupté ! Normal puisque c’est ainsi qu’est vendu le produit. XY, le produit qui rend heureux les gens qui le font. Non, XY, le produit qui rend heureux les gens qui le sont.
Qu’est-ce qui symbolise le mieux, en cette fin de siècle, notre société si bassement capitaliste, pourrie de fric jusqu’à la moelle, que la publicité ? Et alors, la poésie, la vraie, celle que l’on dégage sous une épaisse couche de fric ? Eh bien ce sont les sentiments, c’est ce qui reste une fois que l’on a enlevé ce qui gênait. C’est l’amour et toutes ses contradictions. Et l’amour, c’est aussi l’amitié. L’amitié du cœur, quand on ressent ce que l’autre pense, quand on se met à sa place. Quand on ressent des émotions, quand on se remet en question. La vie, c’est la poésie ; il n’y a que la mort qui n’en soit pas. Une fois mort, essayez de ressentir des émotions ! Alors, la poésie, sachez-le, c’est tout ce qui vit.

LA GUERRE :

I – DOMINATION & PROPRIÉTÉ

Une confrontation

Le problème de la guerre peut être traité en termes de domination et de propriété. C’est simple : l’individu établit un rapport de domination lorsque son désir, ne trouvant pas de propriété où s’exprimer, est censuré. C’est en quelque sorte, le problème d’un monde clos où tout est déjà réparti donc où tout se mesure et se mérite par le pouvoir.
Le problème n’est pas le pouvoir, qui n’est que la capacité à se servir de ce qui existe, mais que le pouvoir de X est confronté au pouvoir de Y pour un “objet” désiré, une propriété, et qu’il en découle un rapport de puissance basé sur la loi du plus fort.
C’est ce rapport de puissance que l’on appelle rapport de domination. En fait, tout ici dépend de la notion de propriété.

Une propriété

Quelles sont les conditions nécessaires à l’acquisition d’une propriété sinon,
1) la capacité d’un être à s’approprier l’extérieur,
2) la possibilité d’y délimiter certains lieux et de se les réserver afin d’en faire un lieu ouvert pour sa liberté.

Une incapacité

Ainsi la guerre vient de l’incapacité à s’approprier le monde extérieur
1) soit parce que celui-ci est hostile à l’appropriation par impossibilité d’y délimiter certains lieux et de les occuper librement
2) soit parce que l’être est hostile à l’extérieur à cause d’une censure de son désir qu’il a intériorisée
et souvent pour les deux à la fois. On voit que les causes peuvent être autant psychiques que matérielles.
Lorsque cette incapacité apparaît, le rapport de domination y fait son nid, c’est à dire que le désir, au lieu de s’exprimer dans une propriété donnée, va chercher à acquérir une propriété par la force, et c’est là ce que l’on appelle la guerre.
La guerre est une tentative d’appropriation castrée qui s’achève dans le combat et la destruction.

II – UNE DISCUSSION AVEC LA FORCE COMME ARGUMENT

Une discussion visant l’anéantissement de l’autre

Si la guerre est une discussion ayant la force et la puissance comme arguments, on peut cependant dire qu’il y a guerre bien avant qu’il y ait violence et agression physique.
En effet, la discussion est elle-même une guerre au sens sale, dés lors qu’un rapport de domination s’y établit.
En fin de compte, la guerre éclate lorsque les parties en présence veulent la même chose et ne se rendent pas compte qu’il y a une autre solution que l’anéantissement du désir de l’autre, ici vu comme un obstacle.
Cette autre solution, c’est la modification du désir lui-même.

Le désir de l’objet

Le problème se complique lorsque les parties ne veulent pas admettre que l’objet puisse être dissocié du pouvoir qui lui est attribué. Là, il faut donc qu’elles modifient leur désir de l’objet par des concessions, des compromis afin que ces désirs deviennent complémentaires.
C’est en modifiant le désir que l’on modifie le pouvoir de l’objet. L’objet n’a un pouvoir que par rapport à la somme des désirs qui l’affectent.
Nous voyons donc ici comment la guerre pourrait ne pas être.
Le problème est que l’homme attribue souvent plus d’importance à l’objet qu’à son désir de l’objet. Il préfère l’avoir plutôt que modifier son désir.
Dans ce cas-là, c’est la guerre.

L’AUTOPSIE DE LA SOCIÉTÉ PAR STEPHEN KING

Faut-il encore le nommer ? Actuellement, le maître du fantastique par ses ventes et sa notoriété — Ses romans sont traduits en collection bilingue pour étudiants, et souvent adaptés au grand écran (Shining, Carrie, Simetière, Christine, Cujo) — Stephen King a parlé.
Ses romans mettent en scène cette fin de siècle et ses conflits de société. Car malgré l’aspect « commercial » de son œuvre (c’est à dire, accessible à tous), cet écrivain analyse la société. Ses héros, dotés de pouvoirs dangereux sont recherchés par le Pouvoir que désire la société. Qu’ils soient issus d’une expérience à laquelle ils se sont prêtés (Charlie), ou, que, de naissance, ils en ait été doués (Carrie), leurs pouvoirs les mettent en conflit avec la société.
On reconnaît bien là les soucis d’une humanité évoluant dans un monde ultra-codé où l’individu et ses capacités sont bafoués et détournés par un conditionnel et intéressé droit de cité. Le passage par la loi a été mal effectué, dira-t-on. Mais peut-être la loi a-t-elle été détournée par les institutions.
Finalement, il faut bien se demander si Stephen King n’est pas en train de montrer du doigt une loi sociale contrôlée par des désaxés (Scientifiques intéressés: Charlie. Politiques déments: Dead Zone. Mère cruelle et incompréhensive: Carrie.) De ces romans où des gens stéréotypés viennent menacer l’humanisme d’un être en manque de contact véritable se dégagent les préoccupations qui devraient nous habiter.
En effet, si les tenants du pouvoir sont les seuls à décider, l’individu se trouve écrasé par les stéréotypes d’une société dont le pouvoir s’enchâsse dans des mécanismes immobilisés. Ce qui en sort, c’est, bien sûr, l’horreur, les cauchemars, la fuite, la hantise de l’être aimé, la quête désespérée de l’amour et de la vérité. Autant de thèmes synonymes de dérivatifs face à cette crise d’identité de la société coincée dans ses propres mécanismes grippés.
Si le fantastique a aidé Stephen King à sortir de l’impasse, beaucoup ne sont pas en mesure de l’imiter. Et comme ce monsieur reflète les problèmes d’une majorité de gens, une question se fait pressante: Que faire pour éviter l’injustice imposée par cette société ? Quel est ce pari qui nous entraîne toujours plus loin dans l’horreur et sa gratuité ? Telles ces hommes destinés par une entreprise à dératiser des sous-sols inexplorés découvrant des rats toujours plus monstrueux et finissant par s’entretuer et se faire dévorer, nos sociétés se mirent dans cette métaphore qui pourrait au moins nous rappeler nos leçons d’écologie et de sécurité les plus élémentaires.
Au fond, Stephen King dédramatise ses drames secrets en nous faisant partager ses angoisses sous sa plume perspicace. Écoliers, ouvrez Stephen King, il va vous parler de ce que vous saurez du pouvoir avant que ce savoir ne vous ait stérilisé. Faites comme lui, partagez vos drames secrets.

TÉLÉ DÉMOCRATIQUE

N’est-il pas lamentable de ne voir passer à la télé, à 90 % que des célébrités dont quotidiennement nous n’avons rien à foutre et tout à jalouser ? Quand ce ne sont pas des célébrités, ce sont des hommes politiques, ce qui est quasiment pareil.Moi je pose la question : à quand une télévision décentralisée ? À quand la solidarité dans les villes et les villages, par l’intermédiaire d’interviews portant sur le quotidien d’UNE personne ? À quand l’assimilation de la télévision à une drogue dont nous sommes tous victimes.On nous force à rêver alors que le rêve est tout ce qu’il y a de plus naturel, et que la meilleure littérature se fraye un chemin par le rêve. La psychanalyse est l’avenir de l’homme, mais la psychanalyse sans psychanalyste, la psychanalyse par la libre parole la libre pensée le libre regard et le pluralisme. Voilà ce que MOI j’ai à dire. Voilà ce que MOI je suis libre de penser. Je demande la création de télés communales. Je demande le découpage de la France en secteurs déterminés par un certain nombre d’habitants et une certaine superficie. Le découpage par quartiers me semble approprié. Si la télé veut être démocratique, elle doit pratiquement être présente à chaque coin de rue. Et s’il vous plaît, ne me parlez pas d’atteinte à la vie privée. Parlons plutôt d’atteinte au droit de penser.

NOTRE ÉPOQUE

Notre époque est lamentable ; on ne vit plus qu’au rythme des événements nationalisés par la télé, l’ordinateur vient happer le jeune consommateur et le détourner de tout altruisme, la drogue, de plus en plus répandue, fait croire à l’individu que sans elle il est incapable de se relaxer, les lieux de consommation publics sont de moins en moins intimistes et la télé vient souvent s’y nicher comme pour dire que sans elle l’homme n’est bon qu’à s’ennuyer, les lieux de contact tels que les discothèques sont chers et l’on n’y vient que pour faire partie de l’usine à sexe que produisent la télé et le capitalisme, dans les restaurants universitaires l’anonymat reste complet. Qui oserait s’asseoir à la table d’un inconnu ou – encore pire – d’une inconnue ? les bourgeois se replient sur leur jardin (secret), leur campagne, leur intérieur, leurs habitudes, écœurés de ce monde qui les inonde à travers le petit écran, la femme au foyer fait figure de résistante mais également de vache à lait auprès de ses enfants, les intellectuels ne sont que des ouvriers à penser et les poètes des obsessionnels que fuient le public et les éditeurs. Pire encore : le génie de la consommation allié à celui de l’anticipation nous ont fait croire que la technologie nous rapprochait du divin et à chaque progrès nous poussons un ouf de soulagement sans nous rendre compte que ce n’est là que du temps qui passe et nous rapproche pas à pas de notre fin, les gens s’assomment de neuroleptiques, vivent une vie sédentaire et les suicidés ont le statut de héros, comme si la mort était la seule façon de vivre pleinement pour le sacro-saint public, le sport n’est qu’une masturbation de l’ego pour ceux qui croient que les muscles rendent supérieur et qui ne se rendent pas compte qu’on leur vend là le bien-être qu’on leur a dérobé, les riches s’ennuient à protéger sans cesse leur capital, somme de spleen et d’idéal, le travail enfin, n’est là que pour anesthésier la pensée et faire tourner la machine productiviste.

Mes chers amis, la nuit vient de tomber.

QU’EST-CE QU’UN ARTISTE ?

En fait qu’est-ce qu’un artiste ? Un artiste est une personne qui a sacralisé un savoir-faire et l’a poussé à la perfection. Vous remarquerez trois mots-clés : Sacralisé qui vient de sacre et rappelle le terme rituel. Savoir-faire qui signifie connaissance appliquée à la réalité et pratiquée, et qui concerne tout un chacun. Enfin perfection, qui est un terme extrêmement subjectif, je dirais même éminemment politique, qui signifie pour moi : regard partisan. L’image de l’artiste est donc extrêmement déplaisante. Sacré et perfection sont les cousins du dogme et sont des mots qui ne veulent rien dire, car le sacré est arbitraire et la perfection est subjective. D’où vient donc cette image de l’artiste ? Elle vient du fait que l’artiste est considéré comme un bienfaiteur de l’humanité, du fait que l’art est souvent exproprié de son statut indépendant et individuel pour coller à des valeurs collectives qui permettent à la politique de se gargariser d’avoir découvert que quelqu’un à découvert quelque chose qu’au nom d’une notion de progrès on va appeler nouvelle dignité humaine. Un inventeur est un artiste. Pasteur fut un artiste. Rimbaud un autre artiste. Picasso encore un autre. Leur point commun est au fond le sacrifice de leur vie personnelle au nom d’une collectivité, d’une conscience collective ancrée en leurs âmes et pensées. On voit bien que l’artiste est en fait quelqu’un qui a été réduit à un état d’esclavage intérieur par la conscience collective de son époque. Tout son travail tend à fuir cette conscience collective ou tout au moins, à l’apprivoiser. On appelle célébrité toute personne adulée par les pouvoirs collectifs dominants tels que médias, institutions, milieux politiques. Bref tout ce qui permet à quelques personnes de régner sur le plus grand nombre. En fait la véritable image de l’artiste est celle de celui qui va au contact des autres par l’intermédiaire de son moyen de communication préféré. Son but n’est pas de régner mais de communiquer. C’est pourquoi les milieux dominants se l’approprient si souvent. Les spécialistes de la communication que sont les artistes sont pour eux des arguments, des armes qui leur permettent de se présenter comme des innocents alors qu’ils ne sont que de damnés sacripants pour qui tous les moyens sont bons pour arriver à être dominants. En fait, la conscience collective a souvent poussé les artistes à se démarquer de l’idéologie dominante. La position de l’artiste marginal est très difficile dans une démocratie où le pouvoir est censé être pluraliste et donc honnête. Car si le pouvoir est censé être honnête, le marginal est donc lui censé être malhonnête. D’où le fait que les artistes n’ont en général pas ou peu de prise sur la politique. En fait la démocratie n’est pas du tout le pouvoir de tous, mais la représentation d’une population par une caricature effectuée par les plus arrivistes d’entre eux. Caricature que l’on ne peut souvent plus caricaturer sans se rendre ridicule. Les artistes ont donc pour devoir de ne pas caricaturer mais de représenter la réalité et de la livrer telle quelle au public. Sans quoi ils se trouvent partie intégrante de l’appareil politique dominant et participent au prochain totalitarisme. Mais ce travail est souvent ingrat. Les artistes ayant souvent souffert de l’anonymat se retrouvent asservis à la conscience des plus dominés, et leurs œuvres se contentent alors d’être des rituels rendus aux frustrations de la plupart des gens avec des thèmes tels que l’amour, l’argent, la célébrité, la souffrance. Les artistes ne le seront réellement que lorsqu’ils seront reconnus comme des spécialistes de l’expression et représentés en tant que tels en politique.

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